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Cet article souhaite faire dialoguer les pensées féministes égalitaires et du care et les nouvelles pensées libérales pour interroger le projet consistant à faire de « l’éducation à la citoyenneté numérique » une finalité à poursuivre par l’institution scolaire. Que se passe-t-il lorsque les concepts clés sous-jacents à ce projet sont confrontés aux paradigmes théoriques des auteurices ? Nous nous efforcerons de répondre en analysant les écarts entre les prescrits institutionnels et leurs réalités pratiques : là où l’éducation à la citoyenneté numérique institutionnalisée projette l’exercice d’une autonomie entendue comme indépendance, le rôle des vulnérabilités et capabilités est interrogé, là où s’invite une standardisation des pratiques, des formes situées et désencombrées de citoyenneté sont recherchées, là où des approches technicistes et paternalistes semblent s’imposer, des perspectives plus critiques sont appelées. Enfin, c’est avec l’utopie que les auteurices, non sans quelques divergences, rejoignent leurs voix.

The aim of this article is to bring egalitarian feminist and care thinking into dialogue with the new liberal thinking in order to question the project of making “digital citizenship education” a goal to be pursued by the educational institution. What happens when the key concepts underlying this project are confronted with the authors' theoretical paradigms? We will attempt to answer this question by analyzing the gaps between institutional prescriptions and their practical realities: where institutionalized digital citizenship education projects the exercise of autonomy understood as independence, the role of vulnerabilities and capabilities is questioned; where standardization of practices is invited, situated and disencumbered forms of citizenship are sought; where technicist and paternalistic approaches seem to impose themselves, alternative and critical perspectives are called for. Finally, it is with utopia that the authors, not without some divergences, join their voices.