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La bande à Bonnot : entre crimes crapuleux et idéologie anarchiste

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2015. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : La sanglante et médiatique épopée des « bandits tragiques » (1911-1912) fut le résultat de la conjonction d’une hypertrophie du moi et de la théorie de la reprise individuelle, fondement de l’anarchisme illégaliste. Au tournant des XIXe et XXe siècles, l’anarchisme s’était, en effet, scindé en divers courants. Si certains s’étaient ralliés à l’action syndicale, d’autres la rejetèrent en s’appuyant sur la formule de Kropotkine : « Tout est bon pour nous qui n’est pas la légalité ». En réponse à la société bourgeoise, se développa la théorie de la « reprise individuelle » : l’indigence des miséreux s’expliquant par le vol permanent réalisé à leur détriment par des exploiteurs, voler ces derniers était donc assimilé à de la légitime défense. Ce « droit à la restitution » créa un débat houleux et une profonde fracture au sein du mouvement anarchiste entre ceux qui, comme Sébastien Faure et Le Libertaire, appréhendèrent le vol comme un acte révolutionnaire et ceux qui, à l’instar de Jean Grave et des Temps nouveaux, s’y refusèrent. Il est tentant de ne voir dans la bande à Bonnot que des criminels entendant draper leurs exactions dans les plis du drapeau noir de l’anarchie. Mais, il n’est pas certain qu’il faille balayer d’un revers de main tout idéal. Les illégalistes voulaient vivre, le plus intensément possible, sans attendre les changements sociaux. Issus de la classe sociale laborieuse, ils la jugeaient très durement : lâche devant leurs exploiteurs et incapable d’un sursaut révolutionnaire. Il ne fallait donc rien attendre, selon eux, de l’action politique.Abrégé : The bloody and media epic of « tragic bandits » (1911-1912) was the result of the combination hypertrophy of the ego and the theory of individual recovery, basis of anarchism illegalist. At the turn of the nineteenth and twentieth centuries, anarchism had split into various streams. If some had joined the union action, others rejected it, because of the formula of Kropotkin : « All is good for us that is not the law ». In response to bourgeois society, the theory of « individual recovery » was developed. The « right to return » created a heated debate and a deep split within the anarchist movement between those who, like Sébastien Faure and Le Libertaire, apprehended theft as a revolutionary act and those who refused it, like Jean Grave and the Temps nouveaux. It is tempting to see the Bonnot gang as criminals who draped their abuses in the folds of the black flag of anarchy. But it is not sure that we should sweep of their ideal. The illégalistes wanted to live as intensely as possible, without waiting for social change. From the working class, they considered it very hard : incapable for a revolutionary outburst. Nothing was to be expected from political action.
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La sanglante et médiatique épopée des « bandits tragiques » (1911-1912) fut le résultat de la conjonction d’une hypertrophie du moi et de la théorie de la reprise individuelle, fondement de l’anarchisme illégaliste. Au tournant des XIXe et XXe siècles, l’anarchisme s’était, en effet, scindé en divers courants. Si certains s’étaient ralliés à l’action syndicale, d’autres la rejetèrent en s’appuyant sur la formule de Kropotkine : « Tout est bon pour nous qui n’est pas la légalité ». En réponse à la société bourgeoise, se développa la théorie de la « reprise individuelle » : l’indigence des miséreux s’expliquant par le vol permanent réalisé à leur détriment par des exploiteurs, voler ces derniers était donc assimilé à de la légitime défense. Ce « droit à la restitution » créa un débat houleux et une profonde fracture au sein du mouvement anarchiste entre ceux qui, comme Sébastien Faure et Le Libertaire, appréhendèrent le vol comme un acte révolutionnaire et ceux qui, à l’instar de Jean Grave et des Temps nouveaux, s’y refusèrent. Il est tentant de ne voir dans la bande à Bonnot que des criminels entendant draper leurs exactions dans les plis du drapeau noir de l’anarchie. Mais, il n’est pas certain qu’il faille balayer d’un revers de main tout idéal. Les illégalistes voulaient vivre, le plus intensément possible, sans attendre les changements sociaux. Issus de la classe sociale laborieuse, ils la jugeaient très durement : lâche devant leurs exploiteurs et incapable d’un sursaut révolutionnaire. Il ne fallait donc rien attendre, selon eux, de l’action politique.

The bloody and media epic of « tragic bandits » (1911-1912) was the result of the combination hypertrophy of the ego and the theory of individual recovery, basis of anarchism illegalist. At the turn of the nineteenth and twentieth centuries, anarchism had split into various streams. If some had joined the union action, others rejected it, because of the formula of Kropotkin : « All is good for us that is not the law ». In response to bourgeois society, the theory of « individual recovery » was developed. The « right to return » created a heated debate and a deep split within the anarchist movement between those who, like Sébastien Faure and Le Libertaire, apprehended theft as a revolutionary act and those who refused it, like Jean Grave and the Temps nouveaux. It is tempting to see the Bonnot gang as criminals who draped their abuses in the folds of the black flag of anarchy. But it is not sure that we should sweep of their ideal. The illégalistes wanted to live as intensely as possible, without waiting for social change. From the working class, they considered it very hard : incapable for a revolutionary outburst. Nothing was to be expected from political action.

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