Le rock progressif (1969-1976) et la scène indie montréalaise (1997-2021) : influence stylistique et filiation artistique
Type de matériel :
- scènes
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- subcultures
- contre-culture / résistance
- underground / alternative
- stylistique
- âge / génération
- genre musical
- archives / rééditions / revival
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- groupe
- stylistics
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Cet article explore le lien historique entre la scène indie montréalaise des années 2000 et le rock progressif, un genre qui a été très populaire au Québec dans les années 1970. M’inspirant des travaux de Brackett (2016), j’utilise une approche « généalogique » pour étudier l’influence du rock progressif chez les groupes indie montréalais. Un tel lien semble inconcevable de prime abord, l’ indie préconisant la simplicité sur le plan de la production et du style (Fonarow, 2006), tandis que le rock progressif est centré sur la virtuosité et la théâtralité (Macan, 1997). Mon analyse révèle toutefois des contradictions dans la manière dont les genres opèrent. Dans la première partie, je retrace l’histoire du rock progressif de la période 1969-1976 dans le but d’expliciter son attrait auprès du public québécois, dans le contexte de la contre-culture. J’explore ensuite la notion de « scène » (Straw, 1991) pour en faire ressortir l’aspect intergénérationnel et établir des liens entre des époques distinctes (Bennett et Rogers, 2016). Enfin, j’explore diverses manifestations de l’influence du rock progressif sur les groupes indie de la période 1997-2021, comme l’illustrent la musique à grand déploiement de Godspeed You! Black Emperor, l’instrumentation élaborée d’Arcade Fire, les structures formelles non-conventionnelles de Malajube ou le post-psychédélisme des Besnard Lakes. En adéquation avec le modèle théorique de Brackett, je montre que ces groupes invoquent certaines conventions du rock progressif comme un ensemble de traits identifiables sans pour autant renier leur appartenance à leur genre d’origine.
This essay explores the historic connection between the 2000s Montreal indie music scene and progressive rock, which enjoyed considerable popularity in the province of Quebec in the 1970s. Drawing on the works of Brackett (2016), I rely on a genealogical method to study the influence of progressive rock on Montreal indie bands. Such a connection seems rather unlikely at first: as a genre, indie emphasizes simplicity in both production values and style (Fonarow 2006) while progressive rock focuses on virtuosity and theatricality (Macan 1997). Yet, as my analysis shows, musical genres often operate in contradictory ways. In the first part, I trace the history of progressive rock in the years 1969-1976 to try to explain why it exerted such a fascination on Quebec listeners at the time, in the context of the counterculture. Then, I consider the concept of “scene” (Straw 1991) to highlight its intergenerational aspect and establish connections between different time periods (Bennett and Rogers 2016). Finally, I discuss various examples of the influence of progressive rock on Montreal indie bands from the years 1997-2021, as shown by the large-scale pieces of Godspeed You! Black Emperor, the elaborate instrumentation of Arcade Fire, the jarring structural changes of Malajube or the post-psychedelia of the Besnard Lakes. Following Brackett’s theory, I show how these bands invoke conventions of progressive rock not as a generalized model but as a bundle of legible style traits without having to deny their adherence to indie as a genre.
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