Que veut dire « Faire la même chose » ?
Type de matériel :
21
Lorsqu’on se demande si la règle à laquelle obéit, par exemple, la continuation d’une suite de nombres comme 2,4,6,8, ... a été ou non suivie correctement dans un cas particulier, il est naturel de répondre qu’elle l’a été si et seulement si on a fait « la même chose »que depuis le début. Mais Wittgenstein souligne que les deux concepts « faire la même chose » et « appliquer correctement la règle » sont imbriqués l’un dans l’autre d’une manière telle que cette réponse ne nous est d’aucun secours. Quelqu’un pourrait continuer de façon déviante et soutenir néanmoins qu’il a bel et bien fait la même chose qu’auparavant. C’est cette situation qui est à l’origine du « paradoxe sceptique » qui a été discuté par Kripke. Un aspect important de la solution de Wittgenstein consiste à faire remarquer que, même dans le cas des règles mathématiques, le contenu de la règle n’est ni plus ni moins déterminé que ne l’est la pratique qui consiste à appliquer la règle. Or, le sceptique raisonne sur ce point comme si le contenu de la règle, aussi déterminé qu’il puisse être, pouvait néanmoins toujours laisser subsister une indétermination partielle et même peut-être complète dans la façon de l’appliquer. Ce que veut dire Wittgenstein semble être, justement, que la règle ne possède pas, par rapport à la pratique de l’application, le genre d’indépendance et de distance qui pourrait donner lieu à la formulation d’un authentique problème sceptique.
When we ask whether the rule which governs, for instance, the continuation of a sequence of numbers like 2,4,6,8, ... was or was not followed correctly in a particular instance, a natural answer is that it was, if and only if what has been done is ‘‘ the same thing ’’as in all the preceding applications. However, Wittgenstein observes that the two concepts ‘‘ to do the same thing ’’and ‘‘ to apply the rule correctly ’’are involved in each other in such a way that such an answer is of no help. Some people could very well continue in a deviant way and maintain nevertheless that they do the same thing as what they have done from the beginning, a situation which suggests the possibility of the ‘‘ sceptical paradox ’’which Kripke questions. An important aspect of Wittgenstein’s solution of theparadox consists in pointing out that, even in the case of mathematical rules, the content of therule is neither more nor less determined than the practice of applying the rule. Here, the sceptic reflects as if the content of the rule, however determinate it may be, could still imply a partial or even complete indetermination in the way of applying it. What Wittgenstein means seems to be, precisely, that the rule does not possess the kind of distance and independence which could engender a genuine skeptical problem.
Réseaux sociaux