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Comment une entreprise répond à ses critiques ?

Par : Type de matériel : TexteTexteLangue : français Détails de publication : 2021. Sujet(s) : Ressources en ligne : Abrégé : Cet article étudie l’évolution des rapports à la critique d’une grande entreprise de crédit aux États-Unis, entre 1910 et 1941. Au début du xxe siècle, le développement des prêts sur salaire avive le spectre d’un asservissement financier des travailleurs, et le groupe Household Finance Corporation devient la cible d’attaques portées par des mobilisations réformatrices. À partir d’archives de l’entreprise et de la fondation philanthropique Russell Sage, nous étudions la manière dont l’entreprise tente d’entrer en résonnance avec une frange modérée de la critique du capitalisme industriel, portée par des élites ouvertes à la collaboration avec les acteurs privés. Initialement le produit des pressions médiatiques et judiciaires exercées sur les activités marchandes, la participation des prêteurs au processus de régulation permet ensuite une capture de la critique morale, sur laquelle l’entreprise s’appuie dans les années 1920 afin d’éradiquer des prêteurs concurrents. Enfin, la crise des années 1930 produit une recomposition brutale de cet environnement institutionnel : tirant parti du rôle attribué au crédit dans la relance de l’économie, l’entreprise affirme soutenir le pouvoir d’achat des classes moyennes lors du New Deal, s’associant à certains mouvements de consommatrices. Cet article souligne ainsi l’effet des dynamiques inter-organisationnelles et leurs évolutions, observées au sein d’un champ, sur les stratégies d’endogénéisation déployées afin de légitimer une activité marchande jugée prédatrice.Abrégé : How did the responses to criticism of a major American lending company, the Household Finance Corporation, evolve between 1910 and 1940? In the early twentieth century, the rise of salary loans fanned fears of workers’ financial enslavement, and the Household Finance Corporation was attacked by Progressive reformers intent on reform. Drawing on the company’s own archives and material from the Russell Sage Foundation, this article examines how the company initially attempted to make its discourse compatible with a moderate critique of industrial capitalism, carried by a group of elites opened to cooperation with private actors. The participation of lenders in the regulatory process—doing so initially in response to media and legal pressure on market activities—enabled a form of moral capture, instrumentalized by the company in the 1920s to eliminate its competitors. The 1930s economic crisis, which followed the stock market crash, abruptly reordered this instititutional environment. As credit become central to economic recovery, the company claimed to support middle-class purchasing power and began to associate with consumer organizations during the New Deal. This article highlights the effect of field-level inter-organizational dynamics on firms’ endogenization strategies, in order to legitimize market activities perceived as predatory.Abrégé : Nuestro artículo estudia la evolución de la relación con la crítica de una gran empresa de crédito de Estados Unidos entre 1910 y 1941. A inicios del s. xx, el desarrollo de los préstamos sobre sueldos acentúa la amenaza de una sumisión financiera de los trabajadores, y el grupo Household Finance Corporation pasa a ser el objeto de ataques alentados por movilizaciones reformadoras. A partir de archivos de esa empresa y de la fundación filantrópica Russell Sage, estudiamos la manera como la empresa procura sintonizar con un sector moderado de la crítica al capitalismo industrial, sostenida por elites abiertas a la colaboración con actores privados. Al principio el fruto de las presiones mediáticas y judiciales ejercidas sobre las actividades mercantiles, la participación de los prestamistas en el proceso de regulación permite luego capturar la crítica moral, el la que se apoya la empresa en los años 1920 para erradicar prestamistas competidores. Finalmente, la crisis de los años 1930 lleva a una recomposición brutal de ese ámbito institucional: sacando provecho del papel atribuido al crédito en la dinamización de la economía, la empresa afirma que sostiene el poder adquisitivo de las clases medias durante el New Deal, asociándose con ciertos movimientos de consumidoras. Nuestro artículo subraya entonces el efecto de las dinámicas interorganizacionales y su evolución, observadas en un campo, sobre las estrategias de endogeneización desplegadas con el fin de legitimar una actividad mercantil vista como depredadora.Abrégé : Dieser Artikel untersucht die Entwicklung der Beziehung zur Kritik einer Großbank in den Vereinigten Staaten zwischen 1910 und 1941. Zu Beginn des 20. Jhdt. steigt mit der Lohnkreditgewährung die Angst vor der finanziellen Unterwerfung der Arbeiter. Die Gruppe Household Finance wird zum Ziel der Angriffe reformorientierter Bewegungen. Anhand der Archive dieses Unternehmens und der philanthropischen Stiftung Russell Sage untersuchen wir die Art, wie diese Bank versucht, eine Resonanz zu finden bei einem Teil der gemäßigten Kritiker des Industriekapitalismus, einer Elite, die für die Zusammenarbeit mit privaten Aktoren offen ist. Nach dem anfänglich von Medien und der Justiz ausgeübten Druck gelingt es dem Bankunternehmen über die Beteiligung der Darlehensgeber am Regulierungsprozess und die anschließende Aneignung der moralischen Kritik in den zwanziger Jahren, die Konkurrenz anderer Darlehensgeber auszuschalten. Die Krise der dreißiger Jahre führt zu einer brutalen Neuordnung der institutionellen Umwelt. Das Unternehmen nutzt dann die dem Kredit zugordnete Rolle in der Wiederbelebung der Industrie und behauptet zugleich, in Verbindung mit bestimmten Frauenkonsumbewegungen, die Kaufkraft des Mittelstandes innerhalb des New Deal zu unterstützen. Dieser Artikel unterstreicht somit die sich entwickelnde interorganisationale Dynamik und ihre Auswirkung in einem bestimmten Feld auf die angewendete Strategie zur Endogenisierung, um eine als schädlich beurteilte Handelsaktivität zu rechtfertigen.
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Cet article étudie l’évolution des rapports à la critique d’une grande entreprise de crédit aux États-Unis, entre 1910 et 1941. Au début du xxe siècle, le développement des prêts sur salaire avive le spectre d’un asservissement financier des travailleurs, et le groupe Household Finance Corporation devient la cible d’attaques portées par des mobilisations réformatrices. À partir d’archives de l’entreprise et de la fondation philanthropique Russell Sage, nous étudions la manière dont l’entreprise tente d’entrer en résonnance avec une frange modérée de la critique du capitalisme industriel, portée par des élites ouvertes à la collaboration avec les acteurs privés. Initialement le produit des pressions médiatiques et judiciaires exercées sur les activités marchandes, la participation des prêteurs au processus de régulation permet ensuite une capture de la critique morale, sur laquelle l’entreprise s’appuie dans les années 1920 afin d’éradiquer des prêteurs concurrents. Enfin, la crise des années 1930 produit une recomposition brutale de cet environnement institutionnel : tirant parti du rôle attribué au crédit dans la relance de l’économie, l’entreprise affirme soutenir le pouvoir d’achat des classes moyennes lors du New Deal, s’associant à certains mouvements de consommatrices. Cet article souligne ainsi l’effet des dynamiques inter-organisationnelles et leurs évolutions, observées au sein d’un champ, sur les stratégies d’endogénéisation déployées afin de légitimer une activité marchande jugée prédatrice.

How did the responses to criticism of a major American lending company, the Household Finance Corporation, evolve between 1910 and 1940? In the early twentieth century, the rise of salary loans fanned fears of workers’ financial enslavement, and the Household Finance Corporation was attacked by Progressive reformers intent on reform. Drawing on the company’s own archives and material from the Russell Sage Foundation, this article examines how the company initially attempted to make its discourse compatible with a moderate critique of industrial capitalism, carried by a group of elites opened to cooperation with private actors. The participation of lenders in the regulatory process—doing so initially in response to media and legal pressure on market activities—enabled a form of moral capture, instrumentalized by the company in the 1920s to eliminate its competitors. The 1930s economic crisis, which followed the stock market crash, abruptly reordered this instititutional environment. As credit become central to economic recovery, the company claimed to support middle-class purchasing power and began to associate with consumer organizations during the New Deal. This article highlights the effect of field-level inter-organizational dynamics on firms’ endogenization strategies, in order to legitimize market activities perceived as predatory.

Nuestro artículo estudia la evolución de la relación con la crítica de una gran empresa de crédito de Estados Unidos entre 1910 y 1941. A inicios del s. xx, el desarrollo de los préstamos sobre sueldos acentúa la amenaza de una sumisión financiera de los trabajadores, y el grupo Household Finance Corporation pasa a ser el objeto de ataques alentados por movilizaciones reformadoras. A partir de archivos de esa empresa y de la fundación filantrópica Russell Sage, estudiamos la manera como la empresa procura sintonizar con un sector moderado de la crítica al capitalismo industrial, sostenida por elites abiertas a la colaboración con actores privados. Al principio el fruto de las presiones mediáticas y judiciales ejercidas sobre las actividades mercantiles, la participación de los prestamistas en el proceso de regulación permite luego capturar la crítica moral, el la que se apoya la empresa en los años 1920 para erradicar prestamistas competidores. Finalmente, la crisis de los años 1930 lleva a una recomposición brutal de ese ámbito institucional: sacando provecho del papel atribuido al crédito en la dinamización de la economía, la empresa afirma que sostiene el poder adquisitivo de las clases medias durante el New Deal, asociándose con ciertos movimientos de consumidoras. Nuestro artículo subraya entonces el efecto de las dinámicas interorganizacionales y su evolución, observadas en un campo, sobre las estrategias de endogeneización desplegadas con el fin de legitimar una actividad mercantil vista como depredadora.

Dieser Artikel untersucht die Entwicklung der Beziehung zur Kritik einer Großbank in den Vereinigten Staaten zwischen 1910 und 1941. Zu Beginn des 20. Jhdt. steigt mit der Lohnkreditgewährung die Angst vor der finanziellen Unterwerfung der Arbeiter. Die Gruppe Household Finance wird zum Ziel der Angriffe reformorientierter Bewegungen. Anhand der Archive dieses Unternehmens und der philanthropischen Stiftung Russell Sage untersuchen wir die Art, wie diese Bank versucht, eine Resonanz zu finden bei einem Teil der gemäßigten Kritiker des Industriekapitalismus, einer Elite, die für die Zusammenarbeit mit privaten Aktoren offen ist. Nach dem anfänglich von Medien und der Justiz ausgeübten Druck gelingt es dem Bankunternehmen über die Beteiligung der Darlehensgeber am Regulierungsprozess und die anschließende Aneignung der moralischen Kritik in den zwanziger Jahren, die Konkurrenz anderer Darlehensgeber auszuschalten. Die Krise der dreißiger Jahre führt zu einer brutalen Neuordnung der institutionellen Umwelt. Das Unternehmen nutzt dann die dem Kredit zugordnete Rolle in der Wiederbelebung der Industrie und behauptet zugleich, in Verbindung mit bestimmten Frauenkonsumbewegungen, die Kaufkraft des Mittelstandes innerhalb des New Deal zu unterstützen. Dieser Artikel unterstreicht somit die sich entwickelnde interorganisationale Dynamik und ihre Auswirkung in einem bestimmten Feld auf die angewendete Strategie zur Endogenisierung, um eine als schädlich beurteilte Handelsaktivität zu rechtfertigen.

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