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RésuméLes Antilles, sociétés post-esclavagistes fondées sur une hiérarchie de race, de classe et de genre, se caractérisent par la récurrence d’une forme familiale singulière, la matrifocalité, reposant sur un apprentissage des rôles sexuels et parentaux ancré dans une double norme éducative héritée de la période coloniale : respectabilité/réputation. L’article vise à montrer comment l’éducation matricentrée, le contrôle social communautaire et un imaginaire castrateur de l’esclavage omniprésent préparent traditionnellement les garçons noirs à devenir des amants bien plus que des pères, en exacerbant une puissance corporelle et sexuelle qui doit masquer leur manque de pouvoir social, dans une injonction à la virilité. Il s’interroge in fine sur les évolutions contemporaines de cet apprentissage des identités sexuelles, notamment à partir des nouvelles images de la sexualité et du genre, dans le rap et la pornographie.

Guadeloupe and Martinique, the French Caribbean, are societies which were built in slavery and are based on a race, class and gender hierarchy. Matrifocality is known to be a singular family system that specifies those islands, and in which learning sexual and parental roles depends on a respectability/ reputation double rule, coming from the colonial period. This paper aims at demonstrating how a mother-headed education, the community social control and a widespread and castrating representation of slavery traditionally manage to prepare black boys to become lovers and runners much more than fathers or husbands. Actually, they are summoned to prove their virility, by showing their physical and sexual strength, while hiding their lack of social power. The paper also questions the contemporary evolutions of those manliness roles, as well as sex and gender new images, for example in rap culture and pornography videos.