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RésuméLes changements aujourd’hui à l’œuvre sur la scène sociale, concernant le statut de l’homosexualité, mobilisent, plus que jamais, les préjugés et impossibilités d’analystes fort peu soucieux de la dimension éminemment transgressive du sexuel inconscient. Comme si la confusion régnant à l’heure actuelle en psychanalyse, confusion qui tend à rabattre le sexuel sur le génital, pour l’opposer à un narcissisme oublieux de toute altérité, culminait, dès lors qu’il est question d’homosexualité – homosexualité si aisément taxée de perverse et comprise, dans une acception par trop développementale, comme méconnaissant la différence des sexes et n’ayant trait qu’à l’identique. Les prises de position extrêmement véhémentes que l’homosexualité suscite, d’un conservatisme qui ne sied guère au modèle du rêve et du transfert, devraient-elles faire oublier la subversion inhérente à la nature même de l’inconscient, indifférent aux sexes et aux identités, les transgressant constamment ? Et se pourrait-il que ce soit précisément l’homosexualité, dans son acception queer, qui doive restituer à la psychanalyse la mémoire de ce qui la fonde en propre ?

The changing status of homosexuality today on the social stage calls up more than ever the prejudices and limitations of psychoanalysts who pay very little attention to the eminently transgressive nature of unconscious sexuality. It is as if the confusion currently prevalent in psychoanalysis – one which equates sexuality with genitality and opposes it to a narcissism which excludes otherness – reached its peak when dealing with homosexuality. The latter is too easily labelled perverse and understood in an excessively developmental conception as overlooking sexual difference and as concerning itself only with sameness. The extremely vehement stands taken with respect to homosexuality reveal a conservatism that hardly fits the model of the dream and the transference. Should they lead us to forget the subversion that is inherent to the very nature of the unconscious, indifferent to sexes and identities, and unceasingly transgressing them ? And what if homosexuality – as meant by queer theory – could give back to psychoanalysis the memory of its own foundations ?