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Le film de King Vidor produit par la MGM présente de la guerre une vision spectaculaire et dramatisée, dénoncée en Europe comme factice et mystificatrice. Il suscite, depuis sa sortie en 1925 jusqu’à nos jours, des lectures inconciliables portant sur son orientation idéologique implicite. La genèse de l’œuvre met pourtant en évidence la volonté d’apaisement et la recherche d’authenticité privilégiées par ses auteurs, à la recherche d’une audience large. Consensuelle mais nuancée, confuse sur le plan discursif mais formellement puissante, cette vision témoigne de l’état majoritaire de l’opinion publique américaine dans les années 1920 : respectueuse de l’engagement militaire consenti à l’extérieur du territoire national, réfractaire à l’antimilitarisme mais consciente des souffrances infligées aux soldats. La complexe richesse de l’œuvre se combine avec un idéalisme démocratique et une fraîcheur des sentiments lui ayant assuré un succès immédiat et une influence durable sur le cinéma hollywoodien.

Produced by MGM, King Vidor’s film displays a spectacular and dramatized vision of war, a vision largely criticized in Europe as artificial and disrespectful. From 1925 until today, it has given rise to contradictory readings about its ideological meanings. Yet, the study of the film’s genesis shows that its makers were motivated by the research of authenticity and appeasement, in order to reach a broad audience. Consensual but subtle, confused in its apparent discourse but powerful in its form, this vision of war reflects the state of the American opinion in the 1920s: opposed to antimilitarism but aware of the sufferings endured by soldiers, considering with respect the involvement of the country in WWI. The complexity of The Big Parade combines with a passionate democratic idealism and a freshness that ensured its immediate success and its lasting influence.