La participation sociale des personnes âgées en Europe
Sirven, Nicolas
La participation sociale des personnes âgées en Europe - 2013.
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L’objet de cette étude est d’analyser les relations de causalité entre participation sociale (capital social) et santé des personnes âgées en Europe. Nous utilisons les trois vagues de l’enquête Share (enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe) auprès des individus de 50 ans et plus dans 11 pays. Pour chacune des deux premières vagues (2004 et 2006), une variable dichotomique renseigne sur la participation à des activités sociales (associations, clubs, partis politiques, etc.) et sept variables dichotomiques renseignent sur l’état de santé physique et mental des répondants. Un modèle Probit bivarié et récursif est utilisé pour estimer l’influence de la participation sociale en 2004 sur la santé en 2006 et réciproquement, de la santé en 2004 sur la participation sociale en 2006. En plus des variables de contrôle usuelles, les données rétrospectives de la troisième vague d’enquête sur les histoires de vie (Sharelife) permettent de prendre en compte les conditions initiales de l’échantillon. Les résultats suggèrent un effet causal réciproque : la participation sociale favorise une meilleure santé et vice-versa. Néanmoins, l’effet de la santé sur la participation sociale apparaît plus important que l’effet inverse. Par conséquent, les individus âgés en bonne santé ont d’autant plus de chances de préserver leur santé à travers l’effet bénéfique du capital social. De même, ceux en moins bonne santé ont moins de chances de participer à des activités sociales et, ne bénéficiant pas de leurs effets bienfaisants, ont à leur tour une probabilité plus forte de voir leur état de santé se dégrader plus vite. En somme, malgré ses effets individuels bénéfiques, la participation sociale est un vecteur potentiel d’accroissement des inégalités de santé parmi les personnes âgées. Social participation of elderly people in Europe An instrument of “healthy ageing” or a factor in the social inequality of health? This study attempts to analyse the causal links between the social participation (social capital) and health of elderly people in Europe. It is based on the three rounds of the Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE) among individuals aged 50 and over in 11 countries. In each of the first two rounds (2004 and 2006), one dichotomous variable identifies participation in social activities (associations, clubs, political parties, etc.) and seven dichotomous variables provide information about the physical and mental health of the respondents. A recursive bivariate probit model is used to estimate the impact of social participation in 2004 on health in 2006, and, reciprocally, of health in 2004 on social participation in 2006. As well as the usual control variables, the retrospective data from the third round of the survey of life histories (SHARELIFE) inform about the initial conditions of the sample. The results suggest a reciprocal causal effect: social participation benefits health and vice versa. However, health seems to have a bigger impact on social participation than the reverse. Consequently, elderly individuals in good health are more likely to preserve their health through the beneficial effect of social capital, whereas those in worse health are less likely to participate in social activities and, without their beneficial effect, are more likely to experience a faster deterioration in their health. In conclusion, despite its beneficial individual effects, social participation is a potential vector for aggravating health inequality among elderly people.
La participation sociale des personnes âgées en Europe - 2013.
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L’objet de cette étude est d’analyser les relations de causalité entre participation sociale (capital social) et santé des personnes âgées en Europe. Nous utilisons les trois vagues de l’enquête Share (enquête sur la santé, le vieillissement et la retraite en Europe) auprès des individus de 50 ans et plus dans 11 pays. Pour chacune des deux premières vagues (2004 et 2006), une variable dichotomique renseigne sur la participation à des activités sociales (associations, clubs, partis politiques, etc.) et sept variables dichotomiques renseignent sur l’état de santé physique et mental des répondants. Un modèle Probit bivarié et récursif est utilisé pour estimer l’influence de la participation sociale en 2004 sur la santé en 2006 et réciproquement, de la santé en 2004 sur la participation sociale en 2006. En plus des variables de contrôle usuelles, les données rétrospectives de la troisième vague d’enquête sur les histoires de vie (Sharelife) permettent de prendre en compte les conditions initiales de l’échantillon. Les résultats suggèrent un effet causal réciproque : la participation sociale favorise une meilleure santé et vice-versa. Néanmoins, l’effet de la santé sur la participation sociale apparaît plus important que l’effet inverse. Par conséquent, les individus âgés en bonne santé ont d’autant plus de chances de préserver leur santé à travers l’effet bénéfique du capital social. De même, ceux en moins bonne santé ont moins de chances de participer à des activités sociales et, ne bénéficiant pas de leurs effets bienfaisants, ont à leur tour une probabilité plus forte de voir leur état de santé se dégrader plus vite. En somme, malgré ses effets individuels bénéfiques, la participation sociale est un vecteur potentiel d’accroissement des inégalités de santé parmi les personnes âgées. Social participation of elderly people in Europe An instrument of “healthy ageing” or a factor in the social inequality of health? This study attempts to analyse the causal links between the social participation (social capital) and health of elderly people in Europe. It is based on the three rounds of the Survey of Health, Ageing and Retirement in Europe (SHARE) among individuals aged 50 and over in 11 countries. In each of the first two rounds (2004 and 2006), one dichotomous variable identifies participation in social activities (associations, clubs, political parties, etc.) and seven dichotomous variables provide information about the physical and mental health of the respondents. A recursive bivariate probit model is used to estimate the impact of social participation in 2004 on health in 2006, and, reciprocally, of health in 2004 on social participation in 2006. As well as the usual control variables, the retrospective data from the third round of the survey of life histories (SHARELIFE) inform about the initial conditions of the sample. The results suggest a reciprocal causal effect: social participation benefits health and vice versa. However, health seems to have a bigger impact on social participation than the reverse. Consequently, elderly individuals in good health are more likely to preserve their health through the beneficial effect of social capital, whereas those in worse health are less likely to participate in social activities and, without their beneficial effect, are more likely to experience a faster deterioration in their health. In conclusion, despite its beneficial individual effects, social participation is a potential vector for aggravating health inequality among elderly people.
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